Publié le 27 Août 2024
Pour assurer la transition vers des mobilités douces, le reconditionnement des batteries au lithium s’impose. La start-up VoltR, accompagnée par Bpifrance, applique les principes de l’économie circulaire à la revalorisation des batteries : grâce à un escalier de performance, les batteries usagées retrouvent une efficacité équivalente, voire supérieure, à celle du neuf. « Au départ, VoltR n’était pas une idée d’entreprise », confie l’entrepreneur Alban Regnier. La start-up angevine fondée en 2022 est en réalité née d’une rencontre entre le fondateur et PDG d’Okamac, entreprise spécialisée dans le reconditionnement d’ordinateurs Apple, et Barbara Pompili, alors ministre de la Transition écologique. Au moment de sa rencontre avec la ministre, la société d’informatique d’Alban Regnier marche à plein régime : une centaine de salariés, 45 millions d’euros de chiffre d'affaires, une place dans le classement French Tech 120... « En échangeant avec elle, j’en ai profité pour lui soumettre l’idée que la France soit la tête de proue de la structuration d'une filière de reconditionnement de batteries au lithium, à l’échelle européenne, se remémore-t-il. Ce serait une belle image pour la France à envoyer à ses partenaires, car il y a derrière des enjeux de souveraineté, mais aussi des enjeux économiques et écologiques ». A cet instant, le trentenaire ne se doute pas que son idée s’apprête à se concrétiser. « Barbara Pompili a trouvé l’idée très intéressante et m’a encouragé à la réaliser. Mais j’étais déjà à la tête d’une entreprise très rentable », souligne le dirigeant, convaincu « qu’un projet d’une telle ampleur relevait plutôt de la force de frappe d’un Etat. »
« 94 % des batteries qu'on importe sur le sol européen viennent d’Asie », majoritairement de Chine, rappelle Alban Regnier.La solution de VoltR consiste à appliquer un escalier de performance : si une batterie de MacBook arrivée à 80 % de valeur résiduelle n’est plus considérée comme performante, celle-ci peut néanmoins l’être pour un autre type d’équipement (vélo, trottinette, scooter, etc.) moins gourmand en densité d’énergie volumique. C’est ainsi que la deeptech est parvenue, pour son premier prototype, à « concevoir une batterie de vélo plus puissante que le neuf à partir de batteries de MacBook à 70 % de leur état de santé. » Et ainsi de suite : une batterie de vélo à 80 % servira à créer une batterie neuve pour une perceuse, qui elle-même pourra plus tard servir de batterie neuve pour un luminaire, etcetera. « La grande force de VoltR, c’est de savoir tirer des fils entre une fin de première vie et un début de seconde vie ayant une demande en performance correspondant à la fin de la première », constate Alban Regnier, qui explique avoir recours à l’intelligence artificielle afin de caractériser plus finement les batteries récupérées et prédire leur fin de vie. « Sans IA, VoltR n’existerait pas », avoue-t-il.
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Exclusivement positionnée en BtoB, la deeptech s’adresse à tous types d’entreprises et travaille sur tout type de batterie, à l’exception des voitures. La jeune pousse, membre de la communauté du Coq Vert (lancée par Bpifrance en partenariat avec l'ADEME et le Ministère de la Transition écologique), est aujourd’hui bien déterminée à passer à l’échelle. Après une première levée de fonds en amorçage de 4 millions d’euros lui ayant permis de prouver l’efficacité de sa solution, la start-up angevine, sursollicitée par les investisseurs, peut d’ores et déjà espérer une levée de fonds supplémentaire largement au-delà de ses attentes. Celle-ci devrait cette fois se situer autour de 50 millions d’euros et permettra à VoltR d’ouvrir sa première usine de 5 000 m2 ainsi que d’automatiser l’ensemble de son process.